Le cas Juppé
Il paraît que Rachida Dati ne supporte pas les injustices, or Alain Juppé est depuis ce matin le ministre de l'Ecologie, du développement et de l'aménagement durables ! Sacré problème, non ? Car enfin, l'injustice, est-ce un concept qui relève de la loi, de la morale ou des deux ? Bien épineuse question...
On pourrait appeler Alain Juppé "ministre de tout ce qui est vert et qui doit rapporter gros" (aux potes des membres du gouvernement qui travaillent dans les conneries vertes), le problème n'est pas là. Le problème, c'est que la nomination d'Alain Juppé au gouvernement "me" pose un vrai problème, à moi, pas comme la présence d'autres ministres dont je me contente de fustiger l'apparente nullité en tout, le comportement indigne ou l'intellect microbien. Juppé c'est autre chose, il ne joue pas du tout dans la même cour : moralement, je le classe dans la catégorie des personnages qui n'ont rien à faire dans aucune structure relevant de l'Etat français. Pourquoi ? Parce qu'il s'est fait choper, ce qui en soi est déjà (en plus) le signe d'extrême nullité !
C'est ainsi, il y a des moments où il faut savoir trancher. Pas forcément la tête, mais quand on est confronté à des cas comme celui d'Alain Juppé, soit on ne dit rien ou on cautionne, ce qui est exactement la même chose, soit on "n'admet pas" et on est partisan de l'élimination physique.
C'est mon cas. Une opinion qui repose sur mon vécu personnel, sur ce que j'ai appris au contact de gens qui me rappellent singulièrement Alain Juppé : il y a des personnages auxquels on ne peut même pas demander de trier des enveloppes dans l'arrière-salle d'un bureau de poste, sinon il faut aussi leur demander de vider leurs poches tous les soirs avant de partir pour s'assurer qu'ils n'ont rien piqué. Aucun relâchement n'est permis avec ce genre d'individus. Vous pouvez être certain que même si vous les surveillez constamment, même si vous ne voyez jamais rien de suspect, des colis disparaissent par dizaines tous les mois... C'est "ça" le problème que me pose Alain Juppé, l'éternel conflit entre la morale (qui pour moi dit que l'on devrait renvoyer Alain Juppé à Bordeaux en pièces détachées) et la loi (qui dit que Juppé est innocent comme un agneau qui vient de naître, exemplaire même !). Un peu comme si un gars venait aujourd'hui se vanter d'être l'auteur véritable des meurtres qui ont été attribués au docteur Petiot. En exagérant à peine, rien ne l'empêcherait de devenir numéro deux d'un prochain gouvernement Sarkozy, surtout s'il est un bon copain de Jacques Chirac ou mieux, un bon copain du président en exercice (ou un gars qui a des dossiers)...
Chacun peut en penser ce qu'il veut, même si souvent j'ai l'impression que tout le monde préfère ne pas y réfléchir. Pour ce qui me concerne en tout cas, c'est un fait : toute personne qui a signé pour entrer dans le premier gouvernement de François Fillon au côté d'Alain Juppé ne mérite pas l'appellation de serviteur de l'Etat, encore moins de serviteur de la France ou/et des Français. Il y a des choses qui ne se font pas et qui ne peuvent, qui ne doivent pas être tolérées. Pour moi, la présence d'Alain Juppé dans le gouvernement en fait partie. Quand je vois ça j'ai HONTE d'avoir voté pour Sarkozy au deuxième tour.
Extrait de la fiche consacrée à Alain Juppé dans Wikipedia (pendant que c'est encore là)
Affaires judiciaires
Appartement de Laurent Juppé
En juin 1995, le Canard Enchaîné publie un document interne de la ville de Paris, signé de la main d'Alain Juppé, donnant ordre à ses services de diminuer le loyer de son fils Laurent, logé dans un appartement relevant des discrètes propriétés de la Ville de Paris, rue Jacob. Il est locataire, à un prix défiant toute concurrence, d'un appartement de 189 m² dans la même rue, où sont réalisés des travaux pour plusieurs millions de francs au frais des contribuables. Une plainte pour "prise illégale d'intérêts" est déposée par l'Association des contribuables parisiens, soutenue par le député PS Arnaud Montebourg.
L'affaire est classée par le procureur de la République de Paris, Bruno Cotte, qui a considéré que le délit de "prise illégale d'intérêts" était établi. Il annonce cependant son intention de classer le dossier si Alain Juppé quitte son appartement. Le procureur général près la cour d'appel de Paris, Jean-François Burgelin, publie alors un communiqué, approuvé par le ministère de la Justice, affirmant que l'infraction n'était pas constituée et qu'elle était de toute façon prescrite. Cependant, la décision de classement imposa à Alain Juppé de déménager. Le 28 août 1995, le Garde des sceaux Jacques Toubon ordonna à Bruno Cotte de quitter le parquet de Paris.
Emplois fictifs de la Ville de Paris
En 1998, Alain Juppé est mis en examen pour « abus de confiance, recel d'abus de biens sociaux, et prise illégale d'intérêt » pour des faits commis en tant que secrétaire général du Rassemblement pour la République, et maire adjoint de Paris aux finances, de 1983 à 1995. Il fut considéré comme un élément clé d'un système de financement occulte d'emplois au sein du RPR financés par la Mairie de Paris et des entreprises désireuses de passer des contrats publics (sa secrétaire personnelle au RPR fut elle-même rémunérée par une entreprise, le groupe immobilier Ségur, puis par la Ville de Paris).
Le 30 janvier 2004, il est condamné par le tribunal correctionnel de Nanterre à dix-huit mois de prison avec sursis dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris et à une peine de dix ans d'inéligibilité. Ce premier jugement est largement commenté dans la presse, critiqué par la majorité, en particulier l'attendu suivant :
« Alain Juppé dans la quête de moyens humains lui apparaissant nécessaires pour l'action du RPR a délibérément fait le choix d'une certaine efficacité en recourant à des arrangements illégaux […] Que la nature des faits commis est insupportable au corps social comme contraire à la volonté générale exprimée par la loi ; qu'agissant ainsi, Alain Juppé a, alors qu'il était investi d'un mandat électif public, trompé la confiance du peuple souverain. […] »
L'appel interjeté par Alain Juppé, immédiatement après sa condamnation, a pour effet de suspendre l'application de cette décision jusqu'à l'arrêt de la cour d'appel. Le 1er décembre 2004, celle-ci réduit la condamnation à quatorze mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité.
La cour a commenté :
« Il est regrettable qu'au moment où le législateur prenait conscience de la nécessité de mettre fin à des pratiques délictueuses qui existaient à l'occasion du financement des partis politiques, M. Juppé n'ait pas appliqué à son propre parti les règles qu'il avait votées au parlement. Il est également regrettable que M. Juppé, dont les qualités intellectuelles sont unanimement reconnues, n'ait pas cru devoir assumer devant la justice l'ensemble de ses responsabilités pénales et ait maintenu la négation de faits avérés. Toutefois, M. Juppé s'est consacré pendant de nombreuses années au service de l'État, n'a tiré aucun enrichissement personnel de ces infractions commises au bénéfice de l'ensemble des membres de son parti, dont il ne doit pas être le bouc émissaire. »
Il démissionne le lendemain de son dernier mandat, celui de maire de Bordeaux.