Sarkozy humilié en Libye (mais cela ne lui pendait-il pas au nez ?)

Images incroyables du président de la République Française en Libye. On a beau ne pas être fan du personnage, on ne peut que rester incrédule devant les quelques images diffusées ce soir sur iTélé, censées récapituler la visite de Nicolas Sarkozy à Tripoli.

D'abord, des images de l'arrivée à l'aéroport, où Nicolas Sarkozy (accompagné de Bernard Kouchner) n'a pas été accueilli par Mouammar Kadhafi, qui a préféré l'attendre "au palais" pour le recevoir ensuite... sous une tente dressée à-côté dudit palais !

Dans les images qui suivent, Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner sont entourés d'un grand nombre d'officiels libyens, un peu comme si l'on cherchait à faire comprendre au président français qu'il n'est pas chez lui à Tripoli (et à mon avis Sarkozy l'avait compris dès sa descente d'avion).

Une table a été dressée sans attentions particulières, sur laquelle on pose en les ouvrant de grands livres qui ressemblent à des parapheurs tout à fait ordinaires : Kouchner signe un premier "livre" mais pas Kadhafi, qui le fait signer par quelqu'un d'autre, chose que Sarkozy semble "ne pas arriver à croire". Pendant que Bernard signe, Sarkozy ne la ramène pas, il se tient même plutôt en retrait, à une petite dizaine de pas de la table. Dans le même temps, le colonel Kadhafi, portant de grosses lunettes de soleil, se comporte comme s'il n'était pas du tout concerné par ce qui est en train de se passer. Le dictateur donne en fait l'impression de vouloir signifier à tous ceux qui sont présents qu'il n'est venu que parce qu'il n'avait rien de mieux à faire qu'un petit tour aux abords du palais... Il est presque là par hasard. Alors que la valetaille (dont Sarkozy fait partie) continue d'attendre que des signatures soient apposées sur des documents qui ne l'intéressent pas, Kadhafi, qui ne se tient même pas à proximité immédiate de la table mais carrément sur le côté (presque en-dehors du champ de la caméra !), semble occupé à regarder le paysage. Pour tout dire, il fait mieux que feindre d'ignorer superbement le président de la République Française et son ministre des Affaires étrangères, il leur tourne purement et simplement le dos ! Et bien sûr, il ne les regarde jamais.

Deuxième scène mémorable du même style, filmée vraisemblablement devant la "tente" présidentielle, dont Sarkozy et Kadhafi semblent sortir presque côte à côte. Cette fois-ci, l'ambiance est encore plus surréaliste, car talonnettes ou pas, Mouammar Kadhafi mesure presque une tête de plus que Nicolas Sarkozy, un détail qui ajoute au caractère hallucinant des moments qui vont suivre : n'ayant pas quitté ses lunettes de soleil, Kadhafi marche en se faisant presque attendre, plus ou moins à-côté de Sarko. Sans prononcer un mot ni jamais regarder dans la direction de Sarkozy qui marche pourtant à-côté de lui, le dictateur libyen fait comprendre que c'est lui qui donne le pas, et il arrive surtout à faire comprendre qu'il n'a aucun respect pour le président français : Kadhafi se paie le luxe de regarder "par-dessus" notre président comme s'il n'était pas là (!), comme si Nicolas Sarkozy n'était qu'un vulgaire microbe qui, du fait de son statut d'être insignifiant, ne peut pas prétendre à entrer dans le champ de vision du grand homme que Kadhafi est déjà redevenu, grâce, entre autres... à Nicolas Sarkozy !

Pas du tout à la fête, justement, le Nicolas ! Il tourne la tête vers Kadhafi (qui le surplombe), mais au moment où les regards des deux hommes vont se croiser, Kadhafi tourne ostensiblement la tête dans la direction opposée, comme s'il voulait à nouveau signifier au président de la République Française qu'il n'est "rien". Alors que Sarkozy semble de plus en plus mal digérer le traitement que Mouammar lui réserve en public et sous l'oeil des caméras (de toute évidence volontairement), le dictateur pose une main dans le dos de Sarko, faisant, ironie du sort, ce que Nicolas Sarkozy aime tant faire lui-même avec tout le monde... en temps normal. Une manière, peut-être, pour Mouammar Kadhafi de dire au président de la République Française : "t'inquiètes, microbe, dans deux minutes ton calvaire sera terminé, et après ça, si tu n'es pas aussi crétin que tu en as l'air, tu ne remettras plus jamais les pieds ici."

Ca craint...

Sarkozy, en tout cas, a l'air furax. Totalement déstabilisé aussi, lui qui est plus habitué à réserver à d'autres le traitement qu'on ose aujourd'hui lui faire subir à Tripoli ! Semblant penser qu'il va effectivement passer pour un crétin, alors qu'il vient d'essayer de croiser le regard de Kadhafi mais que celui-ci a volontairement tourné la tête à l'opposée, le président détourne rapidement son regard du Libyen pour ne plus regarder ailleurs que droit devant lui (et le visage rempli de haine). Après quelques pas, et alors que Kadhafi fait toujours mine de le pousser comme un gamin, Nicolas Sarkozy est pris de l'un de ces curieux mouvements d'épaules qu'on le voit souvent faire dans ses allocutions officielles. Un tic voyant, presque exagéré, à-propos duquel j'ai toujours pensé qu'il signifiait que Sarkozy "se la racontait", mais là c'est autre chose, on dirait que c'est pour se dégager... Parce que le président de la République ne supporte plus de sentir la main de Mouammar Kadhafi dans son dos.

Si vous voulez mon avis, Nicolas Sarkozy a passé une journée exécrable en Libye : si Kadhafi n'était pas aussi grand, si tout cela ne s'était pas passé en Libye... le président de la République l'aurait volontiers accroché (ou fait accrocher par un plus costaud que lui) à un croc de boucher.

Ce sont des choses qui peuvent arriver, quand un président qui se prend pour un négociateur hors pair rencontre un dictateur pour lequel le mépris affiché de l'autre est une habitude de longue date qui peut aussi, à l'occasion, devenir un moyen de s'affirmer tout en "tuant" ses interlocuteurs.

Pour la petite histoire, dans des images diffusées hier à la TV et filmées au cours d'une précédente rencontre entre Kadhafi et Benita Ferrero-Waldner, le dictateur libyen avait adopté exactement la même attitude qu'aujourd'hui avec Nicolas Sarkozy, ne regardant jamais Benita qui était pourtant assise de l'autre côté d'une table, à trois mètres de lui tout au plus... Benita aussi avait semblé très mal le prendre, avoir été d'emblée fortement déstabilisée par le comportement de jean-foutre du dictateur qui ne doit même pas ôter son fez pour se doucher...

Il n'y a pas de doute : pour des rencontres de ce genre, le colonel Kadhafi n'a pas perdu la main, loin de là ! Benita en avait déjà fait l'amère expérience et aujourd'hui, cela a été le tour du président de la République Française. Autre européen, même traitement. Et finalement, c'est peut-être une bonne chose dans le cas de Nicolas Sarkozy, car tôt ou tard, la claque devait tomber.

Cela étant dit, un réacteur nucléaire, c'est quand même cher payé pour une leçon de négociation !

(= la prochaine fois, viens chez moi Nicolas : je te promets de ne pas te tripoter comme si tu étais un petit morveux, et puis surtout, je te filerai un ou deux bouquins qui t'apprendront à gérer ce genre de situations.)

Comments

[Poliblog]

C'est gratuit, ça ne noircit pas les doigts, et pour le même prix on peut choisir ce qu'on lit ! Et puis au niveau de la qualité rédactionnelle, on s'y retrouve. De plus en plus souvent, enfin c'est ce que j'ai cru remarquer. Un bon moyen aussi de sortir des analyses toutes faites et étrangement concordantes que l'on retrouve dans la plupart des médias. Dommage, seulement, que les blogueurs partent aussi en vacances (je rigole), parce qu'en ce moment, on a moins de choses à se mettre sous la dent. :)

[Marc]

Merci pour le récit; j'ai des journées très chargées en ce moment et je lis davantage les blogs que la presse!

[Ozenfant]

Bin oui, ils ont le même "surgeon".

[Poliblog]

@U.N. Owen : si c'est un(e) fan d'Agatha qui le dit, je prends ça pour un compliment ! ;-)

[Poliblog]

Mouammar n'est pas super à la page côté lunettes... Et puis a l'air fatigué en ce moment. M'est avis qu'on l'a bassiné au téléphone les nuits précédant la libération des yahourts. :)