Au secours, il revient !
Demain, dernier jour de tranquillité pour les malheureux qui, vacances ou pas, se trouvent dans l'hexagone, car dès le lendemain samedi, c'est un chef de l'Etat tout bronzé mais désespérément identique qui va débarquer de l'avion en provenance de Wolfeboro, New Hampshire ("Nouvel Ampechire", dirait Sarkozy).
Sarko a déjà préparé le terrain, multiplié pendant toute la journée les déclarations en s'inspirant de l'actualité, comme il le fait la plupart du temps. C'est pratique, ça n'a rien de compliqué, et ça permet de faire croire que l'on est partout, même quand on est répandu comme une larve sur un ponton à l'autre bout de la Terre. Dans le seul pays que l'on ait jamais vraiment aimé, peut-être, dans le cas de Nicolas Sarkozy.
A-propos du CAC plombé par les subprimes, Sarkozy aurait, dit-on, proposé à Angela Merkel d'amener ensemble le G8 à se pencher sur le sujet de la moralisation des marchés, thème qui (ça vient de sortir) tient particulièrement à coeur au président de la République : à en écouter le jogger le moins rapide du monde occidental, il faudrait presque faire de l'anti-sarkozysme primaire, puisque Sarko parle de la nécessité d'installer "de la transparence" et "de la régulation" !... Pour l'instant, on ne sait pas ce qu'Angela a répondu, mais Romano Prodi s'est, lui, prononcé en faveur d'une idée qu'il semble déjà attribuer au seul Nicolas Sarkozy (!), ce qui, quelque part, était bien le but de l'opération.
Cela n'était pas tout à fait suffisant : au sujet du gosse qui a été enlevé puis déjà retrouvé à Roubaix, Sarkozy a dit qu'il conviendrait de réfléchir dès lundi à un système qui prendrait mieux en charge les pédophiles récidivistes, ne précisant pas que l'arsenal juridique existe, mais que faute de budget et surtout de volonté politique, on n'a jamais rien fait, et que l'on ne fera pas mieux demain puisque Nicolas Sarkozy n'a ni l'argent ni, comme ses prédécesseurs, la moindre volonté de résoudre les problèmes concrets.
Il a peur qu'on le lui reproche. Dès son retour. Car déjà, il s'avère que les pronostics délirants de Nicolas Sarkozy sur une reprise de la croissance "pour cause d'incantations" ne trompent plus grand-monde, à Paris comme en province. Sentant le vent tourner, à cause des résultats exécrables du P.I.B. mais toujours à cause, aussi, de la dégringolade boursière dûe aux subprimes américaines qui ont fait connaître à l'indice CAC 40 sa pire journée de l'année, Sarkozy, fort adroitement, a demandé à Christine Lagarde de s'exprimer devant les journalistes pour préciser que selon elle, l'objectif initial de croissance de 2,25 à 2,5% pour 2007 serait atteint ! On sait que mathématiquement, c'est devenu hautement improbable mais peu importe, le signal adressé aux journalistes par le président, leur demandant de ne pas lui gâcher son retour de vacances (et de s'en prendre plutôt à Lagarde), aura, on peut le parier, été entendu par toute une corporation qui, mieux que de décrypter les signaux constamment émis par le chef de l'Etat, les anticipe le plus souvent.
En bon français, tout cela signifie que nous allons souffrir, assister au retour de Sarko la pieuvre, que nous allons subir avec la même impuissance que par le passé. A moins d'un accident d'avion providentiel, qu'il n'est heureusement pas interdit d'espérer. Il nous reste un peu plus d'une journée pour fabriquer des poupées de cire à l'effigie du président, pour les transpercer d'aiguilles, pour leur arracher les membres, pour leur faire fondre la tête avec un briquet ou en les posant sur un feu de la gazinière... Ca n'empêchera pas Nicolas Sarkozy de revenir, sans doute, mais au moins ça nous détendra.
Sarko la pieuvre : va-t-il jamais partir en vacances ?http://poliblog.canalblog.com/archives/2007/08/02/5782140.html