Nicolas Sarkozy peut-il être "lâché" ? Réponse : le lâchage est déjà en cours.
Commentaire intéressant de notre ami leunamme dans le sujet "Le Poliblog plus fiable qu'une certaine presse ?".
Les bruits convergents
Des bruits selon lesquels le pseudo-réformateur chiatique (Nicolas Sarkozy) serait sur le point d'être "lâché" commencent à fuser de tous les côtés. Dans la presse où certains commencent déjà à penser à leur avenir après une possible crucifixion de Sarko, dans le gouvernement aussi où les problèmes existentiels de ministres quotidiennement bafoués commenceraient à prendre le pas sur leur volonté de ne rien faire qui puisse provoquer la colère du "monarque" (déjà si prompt à s'emporter quelles que soient les circonstances). La présidence Sarkozy se traduisant pour l'instant pas une stagnation très chiraquienne dans de nombreux dossiers ou par des catastrophes annoncées dans d'autres, on ose maintenant émettre l'idée que "Sarkozy aura une fin", signe que quelque chose est vraiment en train de changer dans le mauvais sens pour le petit Nicolas.
Est-il besoin d'ajouter que Nicolas Sarkozy est devenu un objet de risée, voire de mépris un peu partout hors de nos frontières, pour une politique ultra-libérale qui ne tient aucun compte de la défense des intérêts du pays et même pour son seul comportement, qui fait régulièrement se tordre de rire les téléspectateurs américains de certaines émissions ?
Les questions qui dérangent
Nicolas Sarkozy peut-il être lâché ? François Fillon peut-il ou devra-t-il être viré comme un malpropre, au nom de la nécessité pour Sarkozy de maintenir l'illusion d'un mouvement quand rien ne bouge jamais ? D'ailleurs au fond, Fillon ne pourrait-il pas avoir "hâte" d'être viré pour abréger des souffrances qui lui sont devenues intolérables, en tant qu'"homme politique" rabaissé au rang de "collaborateur" lambda par un président de la République qui le traite en vulgaire sous-fifre, placé non pas à la tête mais immergé dans une équipe de sous-fifres de même rang ? Intéressantes questions, à l'heure où l'économie sarkozyenne fonce dans le mur, et où l'on peut s'attendre à un impact si violent qu'il ne devrait pas laisser beaucoup de monde indemne... Parce qu'il en a trop parlé, parce qu'il a pris trop d'engagements, la chute de la croissance sera le début de la chute pour Nicolas Sarkozy. Il faudra donc trouver un coupable, au moins, qui ne devra pas être le président de la République. Pour limiter les dégâts.
L'ambiance : déjà tendue
Plus que jamais, c'est la façon sarkozyenne de gouverner et de manager qui est en cause : les fixations d'un Sarkozy que l'on découvre de plus en plus souvent comme étant assez "bas de plafond" ont remplacé les vraies réformes ; les diktats imposés aux ministres ont remplacé les grandes orientations qui leur étaient fixées auparavant ; les inepties tiennent maintenant lieu de "projet" économique et les ordres, reproches ou menaces qui pleuvent en ondée ininterrompue ont depuis longtemps remplacé toute notion de discussion au sein d'un gouvernement qui ne gère rien.
C'est Sarkozy qui l'a voulu : Sarkozy est tout, Sarkozy décide de tout et Sarkozy explique jusqu'à la manière dont ils doivent travailler à des ministres qui sont traités au quotidien comme des crétins ou, au mieux, comme des inutiles. Dès lors, l'absence de résultats devient inacceptable pour tous (excepté pour les proches), aussi bien pour les membres du gouvernement auxquels on ne demande d'ailleurs rien, et qui ne pèsent toujours rien à-côté d'une Cécilia, d'un Guéant ou d'un Guaino (...), que pour des journalistes qui ont un peu trop supporté la cause sarkozyenne depuis le 6 mai, quand cela n'a pas été plus tôt pour certains. Ceux-là risquent tous, à partir de maintenant, d'être collectivement éclaboussés par un possible effondrement du mythe Sarkozy, alors on commence à s'interroger, à réfléchir, en un mot, à faire tout ce que Sarko a toujours voulu éviter depuis le 6 mai.
Comment tout cela va-t-il finir ? On verra bien.
Il faut dire qu'en plus du recul de la croissance, qui promet toujours d'être nettement inférieure aux prévisions, l'action de Nicolas Sarkozy, en France comme à l'étranger, ne s'est traduite pour l'instant par rien de concret, excepté en termes d'expulsions où la machine semble tourner à plein régime (et les dépenses aussi, puisqu'on offre à présent un pactole à certains clandestins pour qu'ils rentrent chez eux avant de revenir immédiatement chez nous). Tout au plus, un commentateur objectif pourrait dire que Sarkozy a piétiné l'image de la France au cours de son déplacement en Libye et de ses vacances en Amérique, mais que pour tout le reste, le chef de l'Etat crée beaucoup plus de problèmes qu'il n'en résout, avec un paquet fiscal qu'il sera impossible d'amortir, des cadeaux au patronat qui dépassent à la fois l'entendement et les rêves les plus fous des chefs d'entreprise les moins respectueux de la morale, ce "lourd" n'étant jamais compensé par des chapelets de mesurettes destinées à endormir ou à épater la galerie, comme la révision annuelle des manèges, l'interdiction pour certaines races de chiens de copuler et la possibilité, voulue par le président, de juger les irresponsables : quels progrès...
Sur ses véritables engagements de campagne, on sait maintenant que le président de la République est un digne représentant de la pire race de poltrons qui soit, celle qui ne sait pratiquer que la fuite en avant. Ainsi, Nicolas Sarkozy est revenu intégralement sur plusieurs de ses annonces-phares : entrée devenue presque inéluctable de la Turquie dans l'Europe, rapprochement ehonté avec l'Amérique dictatoriale d'un Bush pourtant désavoué sur son propre sol, golden parachutes qui continueront de profiter à la crême des patrons-voyous... Il y a d'un côté les projets anecdotiques qui "roulent" plus ou moins, comme le service minimum et la loi sur l'autonomie des universités, et de l'autre les thèmes majeurs qui engagent l'avenir de la France, ou qui sont de nature à miner le moral de tous les citoyens : jamais traités.
Lentement mais très logiquement, le soufflet Sarkozy commence donc à retomber. Jusqu'où ? Quoiqu'il arrive, le projet de réforme des régimes spéciaux de retraite, dont François Fillon a annoncé aujourd'hui qu'il était "prêt" sur Canal+, s'annonce comme le premier dossier vraiment (particulièrement) explosif pour un président qui se surestime beaucoup, parce qu'il sous-estime au moins autant tout ce qui n'est pas "lui", en l'occurrence la capacité de mobilisation des agents des services publics concernés (qui n'auraient aucun mal à plonger toute la France dans le chaos).
L'exemple de Fillon (et de la réforme des régimes spéciaux) : sur un siège éjectable, mais le premier ministre se réserve la possibilité de presser lui-même sur le bouton
Pour François Fillon, qui songe peut-être à quitter le navire avant d'être à jamais marqué du sceau de la "collaboration" (car Sarkozy est bien parti pour se planter), la situation est donc assez paradoxale : tout en sachant qu'il n'obtiendra jamais la moindre reconnaissance de la part d'un rustre doublé d'un mégalomane qui prend un plaisir aussi évident que malsain à le piétiner parmi d'autres, sur le sujet de la réforme des régimes spéciaux le premier ministre demande au président l'autorisation "d'y aller", au risque de provoquer lui-même son départ pour la poubelle de la cuisine (au cas où les choses dégénéreraient), là où finissent généralement les fusibles qui ont trop chauffé...
Si elle devait vraiment survenir, on pourrait décrire plus tard la mort de Fillon comme étant un "dommage collatéral" ou un simple "accident de parcours", ce qui permettrait à l'homme, comme il l'a déjà fait, de rebondir en laissant dire de lui dans des années qu'il aurait été victime d'une mesure jugée impopulaire (par les intéressés), qui était trop en avance sur son temps, etc. Pourtant, il s'agirait bien d'une forme de défection, une manière pour Fillon de se suicider temporairement, de dire "stop, je ne participe plus" à un tortionnaire monté sur talonnettes qui, tout en ayant pris l'habitude de regarder tout le monde de haut, se montre incapable d'obtenir le moindre résultat un tant soit peu sérieux.
D'où ma réponse à leunamme, auquel j'essaie d'expliquer mon avis, qui est qu'il est très possible que Nicolas Sarkozy soit effectivement "lâché" par pas mal de monde au cours des prochains mois : par des politiques qui peuvent se remplacer, donc cela n'aurait pas tellement d'incidence (sachant que l'objectif de Nicolas Sarkozy est de régner, et non pas de gouverner), mais aussi par des journalistes qui ont construit le mythe de A à Z, et là ce serait beaucoup plus grave pour Sarkozy, car cela pourrait signifier la fin de la légende. Le vrai retour à une certaine forme de chiraquie, qui existe et qui est même la seule à exister au moment où j'écris ces lignes, mais qui se dissimule encore, pour l'instant, sous des tonnes d'images, d'articles, de déclarations, d'engagements à un centime d'euro, etc.
Ma réponse à leunamme
C'est d'abord sur le volet économique que Sarkozy risque d'être lâché, les résultats de la croissance qui devrait être largement inférieure aux "prévisions" sarkozyennes ne passeront pas. Même si, fondamentalement, Sarkozy n'y est pas pour grand-chose, il a fait trop de tapage autour d'un objectif qu'il disait s'être fixé et qui paraissait dès le début impossible à atteindre (un gag assez mémorable du reste, puisque la croissance est incompatible avec la politique sarkozyenne). On parle déja de rumeurs de remaniement ministériel (début 2008), et de l'ambiance de plus en plus exécrable qui règne au sein du gouvernement, où les ministres et autres, pris individuellement, supportent de plus en plus mal d'être piétinés, méprisés, quand ils ne sont pas humiliés en public. Sarkozy refuse toujours de se rentrer dans le crâne l'idée que si la presse le voulait vraiment, elle pourrait le terrasser dès demain matin. C'est peut-être ce qui lui coûtera le plus cher dans les mois à venir, juste l'explosion d'un couvercle dont il n'a jamais voulu relâcher la soupape, de peur de voir un mince filet de vapeur sortir de la cocotte. Ce n'est jamais très bon de laisser trop de pression s'accumuler ainsi, si la cocotte pète à la gueule de Sarko il ne l'aura pas volé. Certains parleront alors de "lynchage", moi je parlerai juste d'un retour de bâton plus que mérité (par un président dont le comportement schizophrénique continue par ailleurs de m'inquiéter). Même après la crucifixion de Sarko, à laquelle ils s'empresseront sans doute de participer en coulisses, certains suce-boules auront bien du mal à se racheter une virginité, parmi tous les journalistes qui aujourd'hui dévoilent des poils pubiens du président restés coincés entre leurs dents à chaque fois qu'ils ouvrent la bouche (et pan).
"Le Poliblog plus fiable qu'une certaine presse ?"
http://poliblog.canalblog.com/archives/2007/09/09/6150090.html