Brice de Paris : colonel jusqu'au bout des ongles

Dans le gouvernement de Nicolas Sarkozy, s'il est un personnage qui réussit mieux que les autres, c'est bien le colonel Hortefeux. Toujours en-dessous de l'objectif fixé par le président de 25.000 expulsions de clandestins pour l'année 2007, mais continuant bon an, mal an son laborieux travail de récurage, avec des résultats tangibles qui peuvent toutefois se discuter : 18.600 expulsions en 10 mois, cela fait 1.860 expulsions mensuelles, soit une moyenne de 18,6 expulsions par département en disons, 30 jours.

Minable, pour un ministre qui disposerait de moyens accrus, au point que la police française inspirerait maintenant une telle terreur aux sans-papiers que ceux-ci n'hésiteraient plus une seconde à sauter par les fenêtres, même fermées, en entendant le facteur sonner à la porte de l'appartement.

Le colonel est-il un homme d'action ou un roi de la dissimulation ? On ne le sait toujours pas, tout comme on ignore quelque peu les objectifs que poursuit actuellement Brice Hortefeux. Déçu, sans doute, d'avoir entendu dire ça et là que Sarko, le copain de régiment, lui aurait préféré Manuel Valls à la tête du ministère de l'activateur de blanc... On pensait que Brice de Paris était sur un siège éjectable, l'ami ingrat laissant même courir le bruit que Brice n'était pas assez performant dans son boulot, mais est-ce encore d'actualité ?

Le colonel veut-il se couvrir, en annonçant un chiffre qui de prime abord paraît élevé mais qui ne l'est pas tant que ça, sachant tout de même que l'on parle d'êtres humains ? Sarko aurait-il changé d'avis au sujet de Brice, comprenant subitement que Valls est un bichon, n'arrivant pas à la cheville de Brice, alors qu'il avait un temps voulu le considérer comme un pitt-bull ? Ou le président a-t-il admis, enfin, le fait que le quota de départ de 25.000 expulsions pour l'année 2007 ne serait pas atteint (sous réserve que les chiffres communiqués soient vrais), si toutefois il était atteignable ?

D'une main, Brice dérouille ceux qui n'ont plus ou pas de titre de séjour et de l'autre, il tente de noyer un poisson qui pourrait bien être un véritable serpent de mer. Un gros. Le colonel fait diversion. Annonçant, par exemple, qu'à partir de maintenant on aura la bonté d'informer les candidats à l'obtention d'un titre de séjour des métiers qu'ils pourront exercer, et des régions dans lesquelles ils pourront exercer ces métiers. Ainsi, 130 métiers seront "fortement recommandés" aux ressortissants de l'Union Européenne, 50 seulement pour ceux qui n'en font pas partie, et qui seront sans doute aimablement priés d'aller marner dans le Cantal, ou au fin fond de la Mayenne, où l'on cherche justement de la main-d'oeuvre pour abattre les murs des tribunaux.

Aucun bruissement dans les rangs de la majorité, qui par le même non-effet de lâcheté, devra accepter les prochaines étapes d'une surenchère que l'"on" teste par petites touches, jalon après jalon, jusqu'au jour où l'on dira peut-être que la France serait heureuse d'accueillir des étrangers de type caucasien, justifiant d'une formation rare et ayant été émasculés au cours d'un accident quelconque... Cela permettrait de stabiliser l'effectif de ceux que Brice jure être les "bienvenus" chez nous.

Heureux Français de souche, qui contrairement à certains Français de coeur n'auront jamais à connaître l'humiliation d'être de plus en plus souvent triés comme du bétail, dont on va bientôt choisir la couleur, mesurer la forme du museau, évaluer la capacité d'"intégration"... Un peu le même vocabulaire que les humanitaires de l'Arche de Zoé, qui de leur côté évaluaient le prix psychologique d'orphelins qui n'en étaient pas vraiment.

Pas la faute de Brice, passé directement de l'armée à la Sarko's team. Dans les deux places, on n'a pas dû lui apprendre à faire du sentiment.

Comments

[Poliblog]

C'est ici :

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-976493,0.html?xtor=RSS-823353

Un article intéressant au début, sur la méthode ou plutôt sur l'absence de méthode de négociation de Sarkozy, mais ensuite, on y trouve des conneries particulièrement mémorables, surtout lorsqu'elles sont énoncées par un économiste dont on comprend qu'il ne doit pas avoir beaucoup de problèmes de pognon.

[Gerard S]

Un article très intéressant sur le Monde d'aujourd'hui "Les impatiences coûteuses de M. Sarkozy, par Alain Trannoy".