Action gouvernementale : derrière l'impro apparente, un remaniement qui se confirme ?
A l'approche des élections municipales, le moins que l'on puisse dire est que le gouvernement français offre un spectacle qui semble receler tous les ingrédients de l'improvisation la plus totale :
- "dévergondage" de François Fillon, qui a maintenant le droit de sortir de son burlingue, pour aller au-devant de Français que Sarkozy n'a pas encore enrhumés parce qu'ils se trouvent dans le trou du cul de quelque part où le président n'a jamais eu le temps (ou l'envie) d'aller depuis le mois de mai...
- fayotage ehonté d'Hortefeux (invité hier soir du Grand Journal), qui quand on parle de notation des ministres, se presse pour être le premier à annoncer qu'il n'a pas atteint son objectif (ou quota), "mais" qu'il a quand même expulsé entre 23 et 24.000 immigrés en 2007, avec une douceur qui a donné à beaucoup l'envie de revenir pour vivre l'expérience au moins une deuxième fois...
- interdiction de produire du maïs OGM jusqu'à nouvel ordre (par le fait, sortie de Kosciusko-Morizet des cartons), alors qu'une telle interdiction était impensable il y a encore quelques jours, suite à un Grenelle de l'Environnement que beaucoup s'étaient résolus à ne voir que comme une gigantesque opération de communication dont on n'attendait plus qu'elle puisse un jour déboucher sur quoique ce soit de concret...
- proposition, par Christine Lagaffe, d'autoriser les soldes toute l'année (après le vélo pour aller au boulot), la ministre de l'Economie ne paraissant toujours pas avoir le plus petit commencement d'idée sérieuse pour augmenter le pouvoir d'achat des Français...
- énième aveu de flemmardise et de mégalomanie de Christine Boutin, qui vient de se rendre compte que finalement, elle ne tenait pas du tout à ce que le nom de Fadela Amara puisse résonner plus bruyamment que le sien, à seulement une semaine de la présentation par cette dernière de ses plans anti-glandouille, anti-trouille, bref, anti-fripouilles...
- lancement, à une échelle anecdotique, d'un test de police de proximité "bis", qui doit absolument s'appeler autrement que l'ancienne (supprimée par Sarkozy), au travers duquel MAM, pour la première fois depuis huit mois, fait enfin son travail de ministre de l'Intérieur (un enfant avait pourtant été tué par un chien en fin de semaine dernière, du coup on ne comprend plus)...
- pour les autres, multiplication des voyages avec Sarkozy, le boss continuant de traîner une petite Rachida qui fait la gueule partout, alimentant simultanément la guerre avec Yade en omettant de citer Rachida dans son dernier discours devant les cadres de l'UMP alors que Ramatou avait eu droit à trois bécots du chef (il cherche quoi, au juste, Nicolas ?)...
On ne sait pas trop ce qui se passe : même Albanel commence à se montrer partout, alors que beaucoup étaient persuadés qu'elle était retenue en otage par les FARC depuis le mois de mai 2007 !
Faut-il voir une forme de "stratégie" derrière tout ça ? Derrière une profusion qui pourrait se résumer par une phrase comme : "beaucoup de bruit pour rien" ? C'est possible. En-dehors de la crise de nerfs de Christine Boutin, que l'intéressée a pu faire sur ordre, tout le monde semblant redouter au plus haut point la diffusion des mesures (que l'on suppose être complètement débiles) proposées par Fadela Amara pour remettre de l'ordre dans les banlieues, si l' "action" gouvernementale peut donner en ce moment l'impression d'être un bordel sans nom, les esprits affûtés remarqueront que les ministres et secrétaires d'Etat préférés de Sarkozy (pour leur aptitude à produire des semblants de résultats, ou pour leur don pour ne pas faire de vagues) tendent à disparaître de l'actualité à chaque fois qu'il est possible de les en faire disparaître. Curieux, quand on sait que Nicolas Sarkozy avait donné pour consigne à tous ses ministres de se montrer autant que possible...
En gros, si quelque chose peut vraiment être tiré d'une actualité qui paraît illisible, c'est que l'on envoie actuellement au feu tous les ministres qui, il y a peu de temps encore, passaient pour les plus menacés en cas de remaniement, dont Sarkozy a assuré qu'il n'aurait pas lieu après les municipales, les autres, ceux qui n'ont jamais été menacés, étant maintenus dans une sorte de boule de ouate, dont on suppose qu'elle devrait les isoler au cas où l'UMP prendrait une raclée aux municipales.
Futé !
"Pas de remaniement" ?... Dis, Nicolas, tu nous prends pour des socialistes ?