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Poliblog indépendant
23 avril 2008

15-511

chutes_de_boisJ'ai eu deux jours de tranquillité (la fête !) et je pensais naïvement que l'éclaircie allait perdurer, mais à mon grand désespoir Arnold a fait un retour en FORCE cet après-midi vers quatorze heures, alors que j'étais en train de mettre (déjà) la dernière main au magnifique "meuble sous lavabo sur mesures" que madame Poliblog avait presque exigé, du haut de son nouveau statut de femme enceinte...

Cette journée de bricolo m'a bien changé les idées. Du coup, ce soir, alors qu'en temps normal j'aurais été tenté de vous parler du comportement de Nicolas Sarkozy vis-à-vis des Chinois, qui ne cesse de me scandaliser, dans le courant de la journée, en sciant probablement une planche ou en ajustant deux pièces, j'ai eu une sorte de révélation : je me suis dit que quoiqu'il arrive aujourd'hui ou dans le futur, Nicolas Sarkozy ne serait jamais un "mec" tout court (ce qui expliquerait son comportement actuel vis-à-vis des Chinois), pour la simple et bonne raison qu'il ne serait jamais un mec "comme nous" : pas forcément "capable", on ne peut quand même pas lui demander de savoir tout faire, mais étant au moins amené à parfois se bouger le séant pour aller acheter des planches dans un magasin de bricolage, pour fabriquer un meuble ou un rangement sur mesures pour sa femme.

Il faut dire que les sept à huit millions d'euros de rentrées de Carla en 2007 lui permettent, sans doute, de ne jamais avoir à demander à son nouveau "mari" de fabriquer un meuble dont elle aurait besoin, des cols bleus top niveau surgissant de sous les moquettes (épaisses !) du château ou d'ailleurs au premier claquement de doigts de la première dame pour lui fabriquer un escalier taillé dans le meilleur marbre italien, ou n'importe quelle sorte de meuble en bois précieux et forcément, euh, massif, car on peut parier que Carla déplace rarement ses meubles pour aspirer dessous...

Tout cela fait, je veux dire entre Nico, Carla, leurs fréquentations habituelles et le reste des Français que nous sommes, une "légère différence". S'il avait besoin d'un meuble "sous lavabo" par exemple, nul doute que le président de la République Française ne se serait pas fatigué comme moi à faire des recherches sur Internet ou ailleurs, notamment pour connaître les dimensions habituelles de ce genre de machins. Les meubles sous lavabo, pour tout dire, Nicolas Sarkozy ne doit pas avoir la moindre idée de ce que ça peut être, lui qui n'a sans doute jamais connu autre chose que les meubles "sous vasque", qui ne sont pas du tout la même chose (hé ouais).

Il ne peut résulter, de ce genre de profondes différences entre des gens comme Nicolas Sarkozy et le reste des Français, que des incompréhensions totales, des fossés qu'il paraît vite impossible de combler. Conséquence parmi d'autres peut-être, on se met volontiers à haïr Sarko ces temps-ci, à le mépriser quoiqu'il fasse, et à le punir en massacrant sa "cote de popu".

Dans mon projet de créer un meuble sur mesures, par exemple "et" malgré tout, je suis persuadé que le petit Nicolas aurait passé deux journées très instructives, et peut-être même très enrichissantes pour lui s'il m'avait accompagné au cours de mes pérégrinations pour chercher du matériel, et s'il m'avait ensuite regardé faire des bricolos au cours desquels j'aurais pu lui apprendre bon nombre de petits trucs (du chef, s'il vous plaît).

En plein travail de fignolage par exemple, j'aurais pu expliquer à Nicolas Sarkozy, en lui montrant la scie à guichet Stanley 15-511 dont je parlais hier encore à Stéphane, qu'il s'agissait d'un outil d'une qualité a priori inégalable, mais... bien moins adapté que je le pensais aux découpes, quasi-millimétriques, que j'avais à réaliser dans des pans de meuble (que je devais ensuite assembler), pour faire passer le tuyau d'évacuation du lavabo de la salle bains par ci, ou des tuyaux qui courent sous la baignoire par là...

Une situation dans laquelle j'ai vite fait une analogie entre la situation actuelle d'un gouvernement qui fait souvent preuve d'une certaine, pour ne pas dire d'une vraie brutalité, quand il faudrait de la finesse ; qui provoque de petits ou gros éclats quand il faudrait faire preuve d'une extrême délicatesse, et qui, s'apercevant qu'il n'a pas choisi le bon outil au départ, va quand même continuer à scier comme un bourrin, alors que l'auteur du Poliblog, lui, s'est hier souvent cassé la nénette pour trouver la petite astuce, pour improviser, compensant l'inadéquation de certains outils aux travaux à réaliser par l'utilisation d'autres, encore plus efficaces dans la démolition a priori, mais dont on peut au moins rattraper plus facilement les bavures, même quand elles sont très grosses.

Le bricolage à la maison, me suis-je dit plus d'une fois en sciant, en perçant ou en limant, est un art qui ne diffère pas tellement de l'exercice du pouvoir au plus haut niveau, quand on y regarde de plus près. Pour gouverner comme pour fabriquer un meuble, il faut d'abord de la matière première (le "peuple", une situation, etc.), des outils (des collaborateurs), de la volonté (Nicolas Sarkozy connaît-il seulement le sens du mot ?), de la patience (on sait qu'il n'en a aucune), mais aussi un peu de force (il ne fait que montrer des muscles, que l'on peine souvent à voir sous les filets de gras), d'adresse (c'est une brute sans nom) et de réflexion (la seule réflexion qui l'intéresse, dit-on, elle l'image renvoyée par son miroir...).

La scie à guichet réf. 15-511 de Stanley, pour prendre un exemple, est une illustration parfaite de l'action désastreuse du gouvernement sous le règne violent et maladroit de Nicolas Sarkozy : une scie à guichet, donc un outil en théorie de précision, à lame très effilée pour une efficacité "dans la douceur", mais qui à l'usage, pendant qu'on scie, même avec la plus grande patience et avec la meilleure adresse, se révèle être l'un des outils de bourrin les plus destructeurs en termes de rendement actuellement sur le marché ! Problème, le rendement "supérieur", trop élevé même, pourrait-on dire de la 15-511, est rarement compatible avec le travail soigné que l'on recherche avec une scie à guichet, et l'on se rend alors compte que la vitesse, voire la brutalité de la coupe avec la Stanley, a vite fait de devenir l'ennemie du travail soigné que l'on s'était promis de réaliser.

Pas question (ou presque), par exemple, de travailler au millimètre avec une 15-511 : malgré un nombre de dents plutôt élevé, celles-ci sont un peu surdimensionnées pour une scie destinée aux découpes courbes (donc précises en théorie, car suivant des tracés), et la largeur de la lame combinée au profil agressif des dents transforme la Stanley en instrument de... massacre, en tout cas pour ceux qui veulent de la précision, sans seulement parler de netteté...

A titre d'illustration, avec une 15-511, il ne fait pas de doute dans mon esprit qu'avec un tout petit peu de hargne, on pourrait débiter sans trop de problèmes un arbre dont le tronc fait vingt-vinq centimètres de diamètre en une multitude de tranches, mais de là à faire de chaque tranche trop épaisse un carpaccio de bois, il y a un pas que la 15-511 ne vous permettra jamais de franchir : du Sarkozy, quand il faudrait de la finesse. De la rustrerie, quand il faudrait de la retenue.

Je pensais à tout ça, en constatant que mes premières découpes arrondies avaient tendance à se transformer en concours de dévastations, quand devant le résultat j'ai bien dû me faire à l'idée que la scie à guichet que j'avais achetée spécialement pour la fabrication d'un meuble nécessitant des découpes assez précises me serait quasiment inutile... Il fallait carrément changer de travail (plutôt que de changer de méthode, ce qui aurait été inutile), ou changer d'outil ! Alors tout y est passé : mèches à bois pour les très petits arrondis, scies cloches à trépan pour les plus gros, coups d'une autre scie à lame, évidemment trop grande, mais à dents nettement plus fines pour les découpes où j'arrivais à insérer l'outil... Finalement, la prometteuse scie à guichet de Stanley (sur le papier) ne m'aura servi qu'à effectuer des découpes "sauvages", dans des endroits préalablement criblés de trous qu'il fallait bien relier entre eux, pour utiliser ensuite un autre outil et passer à la phase de finition, jamais superflue et encore moins fastidieuse pour celui qui aime le travail bien fait.

Tous les pans du meuble étant finalement sciés (nickel-chrome comme on dit, puisque travaillés avec une autre scie), les découpes arrondies ayant été effectuées (pas trop mal !), de même que les pré-trous pour l'assemblage des différents pans, j'en suis arrivé à la conclusion que la Stanley 15-511 était un outil quasiment réservé au travail de gros oeuvre, les amoureux de la découpe parfaite ne pouvant guère l'utiliser que pour scier le plus vite possible des épaisseurs de bois a priori incompatibles avec l'apparence d'un objet qui paraît par ailleurs bien... frêle, au regard des dégâts estomaquants qu'il permet d'engendrer (avec une vitesse de coupe proprement sidérante, pour une scie à guichet) !

Le meuble étant monté, à force de bricoler pour pallier l'inadaptation à presque tout de la scie à guichet pour l'usage auquel je la destinais, je me suis retrouvé avec un meuble qui a fait sauter ma femme de joie (littéralement), mais aussi avec toutes sortes de chutes particulièrement étranges, comme des oreilles de Mickey, d'épaisses rondelles pleines dont je n'avais aucun besoin (bien qu'elles auraient pu servir de pied pour autre chose), et même un coup de poing américain pour enfant en... pin !

Là encore, j'avoue que j'ai pensé (mais pas longtemps, parce que j'ai quand même d'autres choses à faire dans la vie) à Nicolas Sarkozy : devant la collection invraisemblable d'objets que j'avais créés et qui s'empilaient maintenant devant moi alors que je cherchais à faire tout autre chose au départ (que j'ai plutôt bien réussi, et c'est tout de même une nuance d'importance avec ce que le chef de l'Etat entreprend habituellement), j'ai eu le sentiment de contempler ce qu'il commençait à rester de mon pays... La France. Ni une construction qui tiendrait debout, pas même une collection d'objets qui serviraient à quoique ce soit. Juste un lot un peu délirant d'objets aux formes saugrenues, risibles ou parfois ridicules, qui interpellent vaguement celui qui les contemple, jusqu'au moment où il se dit que la meilleure chose à faire est encore de les oublier.

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Commentaires
P
On se sera aperçu ce soir (sans aucun étonnement) que 53% des votants se sont gourés il y a onze mois, de même que les 47% restants. Un peu vertigineux. :(
O
La scie est vendue pour du boulot de précision et elle travaille comme une tronçonneuse. Le problème là comme ailleurs est que l'on présente quelque chose, quelqu'un, pour faire un truc pour lequel il n'est pas très apte. Comme de vendre pour du tout terrain une Ferrari...<br /> <br /> On voit ça un peu partout, d'où le gaspillage.<br /> <br /> Un peu Sarko, surement excellent pour vendre des aspirateurs made in China et qui au lieu de ça est président. The right man, or thing, for the right job. C'est la base, non ?
P
La 15-511 ne fait pas du boulot de merde olaf (sur le sujet, on pourrait toujours dire que c'est celui qui la tient), simplement, elle ne me paraît pas du tout adaptée au boulot de précision, et pour une scie à guichet c'est rédhibitoire. A part ça, pour scier des trucs pour lesquels elle n'est a priori pas du tout conçue, aucun problème : je suis sûr qu'on scie à peu près ce qu'on veut avec. Presque du matos de bûcheron ! ;)
O
Poliblog a voté Sarko, c'est pas de la délation, il l'a dit même sans même être soumis à la question.<br /> <br /> Eh ben la scie bidule, c'est pareil que le locataire de l'Elysée, elle a des belles dents, ou le fait croire, mais fait du boulot de merde. Comme quoi, c'est pas ceux qui en parlent le plus qui sont les meilleurs.<br /> <br /> Enfin, vus les détails, je la comprend bien cette pauvre scie 15-511, mal foutue, trop large, des dents trop grandes et vendue pour du travail de précision, dur héritage que d'avoir été conçue par des techno-bureaucrates. Sa vie de monstre du jurassique est vouée à l'échec alors qu'on lui avait promis de bouffer le marché...<br /> <br /> Trop dur ce destin.
G
Je ne comprends pas pourquoi, car je fais très peu de messages.
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